Lecture dans les feuilles de thé


Cet article, j’avais envie de vous l’écrire depuis bien longtemps… Mais allez savoir pourquoi, les mots ne sortaient pas vraiment. Surement parce que je vous expose là une pratique très personnelle, instinctive, qui fait souvent table rase des méthodes pour laisser place à une énorme dose de personnalisation. Et puis, je me suis dit « Justement, c’est ça. Voilà ce que j’ai envie de transmettre, moi, à propos de sorcellerie : il y a les règles, les traditions et ce que l’on décide d’en faire pour soi-même et pour que cela nous parle, raisonne et résonne en nous. » !

La Tasséomancie, Tasséographie, lecture dans les feuilles de thé (ou le marc de café, comme vous voulez) est une méthode de divination assez décalée, qui s’est greffée sur une habitude très terre-à-terre et ancestrale : la consommation de thé (et plus tard, de café, donc). Certains datent le début de cette pratique à la fin de 16ème siècle, lors de l’arrivée du thé en Europe. Alors, oui, le thé est consommé depuis des lustres en Chine (depuis le IIème siècle ap. J-C.) mais on ne retrouve pas de sources fiables de cette pratique à ce moment là. On aurait pourtant pu le pense car bon nombre de fictions proposent des représentations anciennes de cette pratique, chez les Vikings ou en Asie, voir même en Afrique du Nord. C’est quelque chose qu’on nous sert un peu à toutes les sauces dans la littérature contemporaine, au cinéma ou dans les séries TV. Pourtant, pas de trace historique officielle. La tasséomancie se serait donc fait une place au sein des méthodes de divination assez tardivement, finalement, lorsque la mode des sciences occultes battait son plein et que les gens de la haute dépensaient un joli pécule chez les diseuses de bonne aventure, voyantes, médiums… à tort ou à raison.

C’est purement personnel et intuitif, mais mon petit doigt me dit que ce n’est pas sorti de nulle part et que la lecture dans les feuilles de thé a peut-être instinctivement trouvé sa place au sein de pratiques païennes, bien avant cette période là. Après tout, ne s’agit-il pas que de l’art de voir des signes dans des choses anodines du quotidien ?

NB : avec les filtres et infuseurs modernes et au maillage très fins, les feuilles ne passent plus vraiment dans la tasse. Pour cette exercice, munissez-vous donc d’un infuseur un peu grossier qui laissera passer quelques feuilles de thé, sinon on risque un silence radio sur les messages…

Comme je vous l’explique dans mon IGTV dédiée à ce sujet, il y a plusieurs méthodes, plusieurs « écoles » si je puis dire. Il y a une façon de faire assez chouette et méthodique, qui joue avec le design de la tasse en elle-même mais aussi, en fonction de la tasse, sur les astres, dans le but de dater les «  » »prévisions » » ». Oui, je le mets entre millions de guillemets parce que, et vous commencez à me connaître, j’ai du mal avec la prédestination, l’immuable. Ce n’est pas forcément ma manière de voir les choses.

Avec cette méthode là, plusieurs règles de base vous permettent une interprétation :

✨ L’anse représente la personne qui a bu le thé et qui a fait tourner les feuilles dans le fond de tasse afin qu’elles se placent. les symboles qui se placeront directement devant celle-ci, sur la paroi proche, concerneront donc directement cette personne.

✨ Les symboles qui se placent sur le rebord de la paroi, en contact avec nos lèvres, représente le présent. Juste en dessus, sur la paroi montante, le futur proche (jusqu’à trois mois dirons-nous). Au centre, on part sur un futur lointain. On peut aussi considérer avec ce même mouvement que le rebord vous concerne directement et que plus vous vous en éloignez et plus allez vers le centre, plus les signes vont concerner des personnes extérieurs ou des facteurs extérieurs qui ont une influence sur votre vie. A vous de décider ce que vous souhaitez interroger. L’avenir ou une situation précise actuelle, que vous aimeriez analyser ? Quitte à utiliser cette logique de placement, je préfère la deuxième option, moins prédictive et plus axée sur une notion d’introspection.

Mon approche préférée reste celle que je pratique le plus régulièrement, le plus spontanément et, à vrai dire, souvent par hasard. Parfois, quand je termine mon thé, un motif me saute aux yeux. Souvent c’est un symbole unique. Parfois cela représente une situation (comme par exemple cette fois où j’ai vu au fond de ma tasse un couple de félins qui s’occupaient de deux petits).

Mon interprétation de ces signes est influencée par mon éducation, mes croyances, mes origines, surement une part de transmission inter-générationelle et par les différentes mythologies auxquelles j’ai pu être confrontées. Je pense même qu’il y a une petite part d’Histoire de l’Art qui se glisse dans tout cela. Je pense donc que pour un même symbole, des personnes aux horizons divers ne feront pas de lecture unique et que les messages peuvent varier. Un même motif peut vouloir dire tout est son contraire. A vous de trouver l’interprétation qui aura du sens par rapport à votre histoire, vos origines, vos sensibilités et attirances.

Pour ma part, j’aime beaucoup travailler, (et ce depuis plus de 12 ans, je m’en rends compte en écrivant ces lignes) avec le Dictionnaire des Symboles de Robert Laffont. Ce dernier est d’ailleurs aussi très utilise dans le travail d’interprétation de rêves, de visions… Pour un même élément, il va vous proposer différentes symboliques en passant d’une culture et d’une mythologie à l’autre.

Voici quelques exemples assez courants :

La Chouette

J’ai sélectionné celui-ci en premier lieu, volontairement car d’une culture à l’autre, le présage ou la symbolique associés ne sont pas les mêmes. D’un côté, elle était l’oiseau d’Athéna, représentante de la connaissance rationnelle et la clairvoyance en opposition à la connaissance intuitive. Chez les aztèques, elle est le symbole du dieu des enfers, associée à la mort et aux forces de l’inconscient. Son association à la nuit et à l’obscurité lui donne la plupart du temps une symbolique sombre voir funèbre. Cependant, les langues latines ont repris sa racine pour désigner un bon présage. A vous de voir, donc. J’aime croire qu’elle est un encouragement à s’ouvrir à l’obscurité.

La Lune

Elle peut représenter le féminin et la fécondité, mais aussi ce qui est le reflet d’autre chose. Elle est aussi le symbole du rythme biologique de tout être vivant et du temps qui passe. Tout comme la chouette, elle peut aussi représenter la connaissance indirecte, discursive et progressive. Il y a en fait autant de symboles attribués à la Lune que de cultures. C’est en cela que le Dictionnaire des symboles est un très bon outil. Il lui consacre en effet cinq pages…

La Bougie

Le symbolisme de la bougie que je préfère est lié à l’association de de la cire, de l’air, de la mèche et du feu peut-être apparenté aux éléments qui s’unissent pour ne former qu’un. C’est un symbole d’accomplissement individuel, en somme. Elle est aussi un symbole de la vie ascendante, le symbole de nos anniversaires et du temps qui passe.

La Feuille

Elle symbolise le règne végétal mais aussi, en extrême-Orient, le bonheur et la prospérité.

La Forêt

Dans la culture celte, mais aussi Indienne, la forêt est un sanctuaire. On lit dans le Dhammspada que « lorsque le monde n’y entre pas; le saint y trouve son repos ». Dans certains pans de la culture japonaise, mais aussi hispanique, la forêt est vue comme une grande dévoreuse. Victor Hugo a d’ailleurs écrit, dans Légende des Siècles, « Les arbres sont autant de mâchoires qui rongent / Les élément, épars dans l’air souple et vivant / Tout leur est bon, la nuit, la mort…/ … Et la terre joyeuse / Regarde la forêt formidable manger ». En opposition à l’idée de lieu paisible et de sanctuaire, on a cette image de l’inéluctable puissance qui avance (aaah, si Victor Hugo avait vu le XXIème siècle, aurait-il pu seulement voir encore la forêt ainsi ?). La forêt est aussi vecteur de mystères. De nombreuses cultures en font le repère des diables, des esprits, des faunes et autres créatures surnaturelles. Elle symbolise l’inconnu et nos peurs profondes et refoulées.

La Dent

La dent est très souvent associée à la notion de santé (bonne ou mauvaise) et de vitalité. Dans certaines cultures elle représente l’agressivité et vous avez surement déjà entendu parler du présage de mort qui accompagne un rêve où l’on perd ses dents. C’est en fait parce que les dents qui tombent sont associées à la vieillesse.

Le Crâne

Aaaah, mon préféré. Communément, et pas besoin de chercher loin, le crâne représente la mort. Mais l’Histoire de l’Art en a par exemple fait un symbole plus profond et fatalisme : Memento Mori. Sache que tu es mortel. N’oublie jamais que tu es poussière et que tu retourneras poussière. Comme un appel à profiter de la vie et à lui donner du sens, maintenant.

L’Araignée

A plusieurs reprise, à travers les écrits bibliques, mais aussi dans la culture indienne, elle représente la fragilité mais aussi une certaine réalité des apparences, la tromperie. L’araignée est l’artisan d’un voile, d’un piège : celui de l’illusion ? Mais les Indiens, à travers la figure de Maya, lui attribuent aussi le mérite du bel ouvrage et de la création. Chez des peuples d’Afrique occidentale Anansé, l’araignée a préparé la matière des premiers hommes, créé le soleil, la lune, les étoiles. Ensuite, le dieu du ciel Nyamé a insufflé la vie en l’homme. Au Cameroun, elle est, a contrario de la culture Indo-Européenne maîtresse du destin car tisseuse de la réalité et le fil de l’araignée est un support de la réalisation spirituelle.

Le Coquillage

Symbole fort de fécondité, le coquillage ou la coquille est lié à l’eau, à ses mouvements, à sa puissance et ses flux. Il représente très souvent l’organe sexuel féminin. Désir, fécondité, libido…

Je vous laisse poursuivre vos propres recherches et interprétations en fonction de ce que vous pourrez voir au fond de votre tasse. Mais vous saisissez l’idée générale d’introspection, de profondeur du message.

Comme je le dis dans mon IGTV, il y a aussi des symboles plus simples (l’étoile, le triangle, le carré… les lettres et les chiffres). A vous de creuser !

2 commentaires sur

  1. Merci pour ce post!
    Je m’intéresse à cette pratique depuis quelques temps, mais de très loin,
    je n’ai encore jamais pris le temps de l’étudier ou de tenter mes propres expériences,
    j’espère y venir un jour!
    En tout cas, te lire me donne encore plus hâte de m’y mettre, alors merci!

  2. D’ailleurs, si tu connais de bons livres pour commencer à l’étudier, je suis preneuse!
    Pareil, si tu connais des tasséomanciennes françaises, j’aimerais beaucoup avoir leur contact 🙂

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